Devenir adulte et entrer dans la majorité suscite beaucoup d’interrogations lorsque l’on se trouve en situation de handicap. L’autorité parentale va cesser mais la personne est-elle en capacité d’être responsable de ses actes et de gérer seule ses droits, sa santé, son quotidien, son budget ?
Il peut alors devenir nécessaire de penser à une mesure de protection afin de se protéger soi-même et de protéger ses propres intérêts. Mais qu’est ce qu’une mesure de protection et laquelle sera la plus adaptée ? Est-ce que la personne conserve des droits ? Quelles sont les démarches à réaliser pour faire une demande de mise sous protection ?
Au sein de ce dossier thématique, nous allons ainsi essayer de répondre à vos interrogations sur les différentes mesures de protection existantes.
Dossier réalisé par Virginie ALLINGRY Assistante de service social Réseau Maladies Rares Méditerranée - janvier 2018 - réactualisé août 2020
Le dispositif de protection juridique rénové avec la loi n°2007-308 du 5 mars 2007 se compose de différentes mesures dont l’étendue de la protection de la personne va dépendre de ses facultés (situation personnelle, degré de handicap…).
Elles peuvent être d’ordre juridique comme la tutelle, la curatelle, la sauvegarde de justice, ou relever d’un dispositif d’accompagnement social.
Depuis 2016 avec l’ordonnance n°2015-1288 du 15 octobre 2015 portant simplification et modernisation du droit de la famille, un nouveau dispositif a été mis en place. Il s’agit de l’habilitation familiale qui peut s’avérer plus souple que les autres mesures.
Enfin lorsque l’on est atteint d’une pathologie évolutive, il est possible d’anticiper sa protection avec le mandat de protection future.
Les règles applicables aux mesures de protection ont été modifiées par la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme de la justice. Les nouvelles dispositions viennent renforcer l’autonomie des majeurs protégés.
Les mesures de protection sont dites judicaires car elles nécessitent une décision du juge des contentieux de la protection (ex juge des tutelles) du tribunal (judiciaire ou de proximité) dont dépend le lieu de résidence du majeur à protéger.
En fonction de la mesure choisie par le juge, les droits de la personne peuvent être plus ou moins limités. Le cadre législatif encadrant la protection des personnes vulnérables affirme le respect de l’autonomie des personnes.
Le juge étudiera par ailleurs si d’autres dispositifs ne sont pas suffisants : devoir de secours, d’assistance, procuration, mandat de protection future… La mesure doit être la moins contraignante possible et être exercée en priorité par la famille.
Une mesure de protection en plus de protéger la personne et ses intérêts permet de définir un cadre légal d’intervention.
Suite à une rencontre avec la personne concernée (lorsque son état le permet) et ses proches et après examen du certificat médical établi par un médecin agréé par le procureur de la république, le juge des contentieux de la protection statuera sur la mesure la plus adaptée.
Il existe trois types de mesures de protection qui sont progressives et limitées dans le temps.
Afin de respecter les droits et libertés des personnes, le juge des tutelles suivra trois principes essentiels avant de se prononcer :
Une mesure de protection n’est appliquée que si la situation le justifie et que si les facultés mentales et/ou corporelles de la personne à protéger sont effectivement altérées
Si aucune autre solution ne peut être envisagée pour protéger la personne
Le juge évalue la mesure la plus adaptée aux capacités de la personne.
Prononcées pour une durée de 5 ans maximum, les mesures de protection sont renouvelables et révisables à tout moment.
La sauvegarde de justice est une mesure de protection juridique de courte durée qui permet à un majeur d'être représenté pour accomplir certains actes. Cette mesure peut éviter de prononcer une tutelle ou une curatelle, plus contraignantes. Le majeur conserve l'exercice de ses droits, sauf exception. Il existe 2 types de mesures de sauvegarde de justice, judiciaire ou médicale.
La curatelle est une mesure d’assistance destinée à protéger un majeur qui, sans être hors d’état d’agir lui-même, a besoin d’être conseillé ou contrôlé dans certains actes de la vie civile. La curatelle n'est prononcée que si la mesure de sauvegarde de justice s’avère insuffisante.
Le curateur assiste la personne dans la réalisation de certaines démarches, mais il n’intervient pas seul ni à la place de la personne protégée (sauf exceptions prévues par le juge).
La personne sous curatelle doit obtenir l’accord de son curateur pour certains actes engageant ses biens et pour certains actes engageant sa personne.
Il existe plusieurs degrés de curatelle selon la situation de la personne : simple, renforcée ou aménagée. Le juge des contentieux de la protection peut désigner un ou plusieurs curateurs.
La tutelle est une mesure de protection judiciaire pour la personne dont l’altération des facultés nécessite d’être représentée de manière continue dans tous les actes de la vie civile. C’est une mesure plus large que la curatelle et la sauvegarde de justice. Toutefois, le juge peut énumérer, à tout moment, les actes que la personne peut faire seule ou non, au cas par cas.
Le majeur placé en tutelle doit être protégé tant au niveau de sa personne que de ses biens.
Le juge désigne les tuteurs ou curateurs en priorité parmi les membres de la famille. Être nommé officiellement tuteur ou curateur de son proche permet d’agir légitimement. Mais il existe des obligations administratives à respecter qui vont dépendre du type de mesure.
Dans tous les cas, le tuteur/curateur doit prévenir les organismes administratifs de la mise en place de la mesure de protection.
Il doit aussi rendre compte de l'exécution de leur mandat à la personne protégée et au juge.
Pour aller plus loin :
Une personne sous mesure de protection conserve des droits. Ces droits ont été renforcés avec la Loi du 5 Mars 2007 et ré affirmés avec la loi du 23 mars 2019. Ils sont inscrits au sein du code de l’action sociale et des familles avec la déclinaison d’une charte des droits et des libertés et d’une notice d’information.
Au sein du Code Civil, l’autonomie des personnes protégées est renforcée : principe d’information, d’adhésion et de consentement de la personne, liberté du choix de résidence, …
La loi du 23 mars 2019 replace la personne protégée dans son rôle de citoyen avec le droit vote, de mariage. Ces nouvelles dispositions déplacent le contrôle à la surveillance du tuteur/curateur. Le majeur n’est plus en principe empêcher d’exercer son droit. En cas de désaccord, le juge peut être saisi.
Créée par l’ordonnance du 15 octobre 2015, l’habilitation familiale est un dispositif récent de protection. Elle s’avère plus souple au quotidien que la tutelle ou la curatelle. Elle nécessite toutefois une décision du juge et relève d’un consensus familial. Une fois la personne désignée pour recevoir l'habilitation familiale (mandat familial), le juge n'intervient plus contrairement à la sauvegarde de justice, à la tutelle ou à la curatelle.
La loi du 23 mars 2019 vient faciliter le recours à l’habilitation familiale en créant pour le juge des passerelles entre les mesures de protection et l’habilitation familiale. Le dispositif d’habilitation familiale a aussi été élargi aux mesures d’assistance.
Le mandat de protection future permet d’anticiper sur son avenir et d’organiser à l’avance sa protection ou celle d’un enfant en situation de handicap. Le mandat est un contrat qui permet au mandataire choisi d’agir dans l’intérêt de la personne lorsque ses capacités physiques ou mentales seront affectées.
La loi du 23 mars 2019 a repensé la place du mandat. Il s’agit de la 1ere mesure de protection pour la personne.
Pour aller plus loin :
Les mesures d’accompagnement ont été mises en place avec la loi du 5 mars 2007. Contrairement aux mesures de protection juridique, elles ont pour objectif d’aider des personnes majeures dont les facultés ne sont pas altérées mais qui rencontrent d’importantes difficultés et qui perçoivent des prestations sociales (Allocation familiales, AAH…)
Il existe deux types de mesure qui se complètent dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement social et budgétaire gradué:
L’objectif principal de ces dispositifs d’accompagnement est de permettre aux personnes de pouvoir assumer seule la gestion de leurs ressources et d’éviter ainsi que leur santé et leur sécurité soit menacée.
Mesure d’accompagnement social personnalisé ou judiciaire (Portail du justiciable, Ministère de la justice) : http://www.justice.fr/fiche/mesure-accompagnement-social-personnalise-masp-judiciaire-maj
Pour solliciter une mesure de protection (tutelle, curatelle ou sauvegarde), il est nécessaire d’adresser une requête au juge des contentieux de la protection (ex-juge des tutelles) du tribunal judicaire/de proximité du lieu de résidence de la personne à protéger.
Après examen de la requête, du certificat médical et de l’audition de la personne et de ses proches, le juge pourra ainsi se prononcer sur la mesure la plus appropriée.
Les Conseil Départementaux d’Accès aux droits
Afin que chaque citoyen ait accès à l’information sur ses droits, les Conseils Départementaux d’Accès aux Droits (CDAD) coordonnent des lieux d’accueil gratuits et confidentiels.
Les CDAD sont des structures départementales placées sous l'autorité du président du tribunal judiciaire.
Ci-dessous la liste des CDAD de la région :
Place Pierre Flotte - 34040 MONTPELLIER CEDEX 1
Téléphone : 0467126298
Courriel : cdad-herault@justice.fr
Site internet : CDAD Herault
27, Boulevard Henri Bourrillon - 48000 MENDE
Téléphone : 0466652811
Courriel : cdad-lozere@justice.fr
Site internet : CDAD Lozere
Boulevard des Arènes - 30000 NIMES
Téléphone : 0466764890
Courriel : cdad.gard@justice.fr
Site internet : CDAD Gard
28 boulevard Jean Jaurès - 11000 CARCASSONNE
Téléphone : 0468470000
Courriel : cdad-aude@justice.fr
Infos CDAD l'Aude : Plaquette PDF
Place Arago - BP 921 - 66921 PERPIGNAN CEDEX
Téléphone : 0468663456
Courriel : aj1.tgi-perpignan@justice.fr
Site internet : CDAD Pyrénnées orientales
Boulevard de Guizard - BP 3123 - 12031 RODEZ CEDEX 9
Téléphone : 0565734300
Courriel : cdad-aveyron@justice.fr
Placées sous l’autorité du président du tribunal judiciaire et du procureur de la République, les Maisons de Justice et du Droit (MJD) assurent une présence de proximité.
Les maisons de la justice et du droit sont des lieux d’accueil, d’écoute, d’orientation et d’information gratuite et confidentielle sur les droits :
Ci-dessous la liste de MJD en région :
Maison des Services - 1 avenue de Naïade - 11100 NARBONNE
Téléphone : 0468903131
19 Place Pythagore - 30900 NIMES
Téléphone : 0466237390
Courriel : mjd-nimes@justice.fr
41 Rue Marc Sangnier - 30200 BAGNOLS SUR CEZE
Téléphone : 0466396515
Courriel : mjd-bagnols-sur-ceze@justice.fr
La Salicorne - rue Emile Zola - 30600 VAUVERT
Téléphone : 0466888840
546 rue André Le Nôtre - 34080 MONTPELLIER
Téléphone : 0467727680
Courriel : mjd-montpellier@justice.fr
Espace Mirabel - rue de la solidarité - 34300 AGDE
Téléphone : 0467358360
1 rue des Caladons - 34400 LUNEL
Téléphone : 0467836154
Courriel : mjd-lunel@justice.fr
Place de l'Hôtel de Ville - 34700 LODEVE
Téléphone : 0467441029
1 Place Joseph Deloncle - 66000 PERPIGNAN
Tél. : 04.68.66.34.56
Courriel : accueil_mad@yahoo.fr
Les Points d’Accès aux Droits (PAD) ont des missions similaires au MJD. Ils ne sont pas des établissements judicaires de proximité. Les PAD sont des lieux d’accueil gratuits permettant d’apporter une information de proximité aux personnes ayant des problèmes juridiques ou administratifs.
Ci-dessous la liste de PAD en région :
25 bis avenue du Général Leclerc - 11000 CARCASSONNE
Tél: 04 68 47 00 00 / 06 01 20 14 18.
Horaires : 2ème et 4ème mercredis de 9h à 12h
19 Rue du Sergent Bories - 12200 VILLEFRANCHE DE ROUERGUE
Tél : 05.65.45.38.70
Courriel : cdad-aveyron@justice.fr
7 Rue François Mazenq 12000 RODEZ
Courriel : cdad-aveyron@justice.fr
370 rue de Centrayragues 34000 MONTPELLIER
Tél : 04/67/65/88/19
19 rue Saint Claude 34000 MONTPELLIER
Tél : 04.67.58.14.00
18 rue des Avelaniers 34080 MONTPELLIER
Tél: 04.67.58.07.03
25 allée de l'Espérance 34270 ST MATHIEU DE TREVIERS
Tél: 04 67 55 17 00
Tel : 04.66.65.79.87
Email : info.familles.lozere@udaf48.fr
Plus d'infos : Service d'information aux familles
Recherche / annuaires : https://www.justice.fr/recherche/annuaires
Vous trouverez ci-dessous en téléchargement la liste des défenseurs des droits en Languedoc Roussillon : Liste des permancences des délégués en région (PDF)
Sources
Sites internet : Ministère de la Justice, CNSA, Ministère de la santé et de la solidarité, Secrétariat d’État auprès du Premier ministre chargé des personnes handicapées (handicap.gouv), Service public, Legifrance, DRJSCS Occitanie,
UNAPEI, Pôle Handicap (tutelle-curatelle.com), Handirect, Tutelleauquotidien,
Magazine declic en ligne (hizy.org)
Filiere anddi-rares
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